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     ≡  L'OLYMPIA, le mythe de son histoire


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§micos # 1 ≡ L'OLYMPIA, le mythe de son histoire



micos


251 posts depuis
le 13/11/2003


L'Olympia a 50 ans - AP

La mythique salle de spectacle du bouvelard des Capucines à Paris, où se sont produits les plus grands de la chanson, fête ses 50 ans.


Mis en ligne le 05 février 2004



Il y a 50 ans, le 5 février 1954, Gilbert Bécaud étrennait l'Olympia, dans la formule de music-hall qu'ont perpétuée depuis tous les "ténors" du rock et des variétés, jusqu'au rap, de Jacques Brel à Johnny Hallyday, des Beatles aux Rolling Stones, Laurent Garnier à MC Solaar et NTM. Avant de devenir un des "temples" des musiques actuelles, le 28 boulevard des Capucines, inauguré le 12 avril 1893 par la Goulue, avait connu plusieurs vocations : parc d'attractions au début du XXe siècle, music hall, puis cinéma à partir des années 30. Depuis 1954, tout le gratin de la musique est passé dans la salle ou presque. Le "King" Elvis Presley est, pour une histoire de gros sous, un des rares grands noms à ne pas avoir foulé les planches de l'Olympia. Parmi les autres rendez-vous manqués, on citera Dean Martin, Madonna, Michael Jackson en solo (mais il s'y produisit au début des années 70 au sein des Jackson Five) et, chez les Français, Jean Ferrat et Serge Gainsbourg.

Une petite entreprise

L'Olympia est une PME de 44 personnes, qui réalise un chiffre d'affaires annuel de 5 à 6 M€, "une petite entreprise, qui, je l'espère, ne connaitra pas la crise", sourit le Lillois Arnaud Delbarre, ancien bassiste du trio hard les Stocks, qui assure depuis le 1er mars 2002 la direction de la salle de 2.000 places. Son prédécesseur, Jean-Michel Boris, évoque "50 ans de lutte permanente pour tenir la tête hors de l'eau". "Lorsqu'il est mort en 1979, Bruno Coquatrix (son oncle, l'homme qui a fait de l'Olympia la salle qu'on connait aujourd'hui) était certainement le plus pauvre du cimetière", dit-il.

Limonade salvatrice


Faire vivre un tel lieu n'est pas une sinécure : "il faut avoir le sens de l'anticipation", explique Jean-Michel Boris. La salle a ainsi eu le flair l'été dernier d'y programmer Florent Pagny, une période toujours difficile : "on a commencé par quatre jours de location, puis 6, 7, 8 et on a fini par 17 soirées", raconte Pascal Nègre, PDG d'Universal Music réprésentant le propriétaire Vivendi-Universal. La salle, dont le prix de location ou "mise à disposition", selon l'expression des professionnels est de 18.293 €, s'efforce de tourner à plein temps : en 2003, il y a eu 300 spectacles. 320 sont programmés pour 2004. "La limonade (le bar), constitue plus de 50% de notre chiffre d'affaires", précise Arnaud Delbarre, comme le pop corn a sauvé le cinéma, la limonade sauvera le music-hall, dit-il.


N.B : ces chiffres sont à prendre avec circonspection, car il en résulte que, même avec une salle comble, la prestation de l'artiste est deficitaire !!! micos



[ Edité par micos le 6/2/2004 11:20 ]

[ Edité par micos le 6/2/2004 11:20 ]
»05.02.04 - 14:56 Profil

§micos # 2 ≡ Re: L'OLYMPIA, le mythe de son histoire



micos


251 posts depuis
le 13/11/2003


Le rideau rouge

TéléCinéObs, supplément du Nouvel Observateur n° 2046


C’est une salle mythique dans le monde entier, où se sont produits Les plus grands. Retour sur cinquante années de bravos.

l’Olympia

C’est le cénacle de la chanson. Depuis cinquante ans, l’émotion parcourt la moelle épinière des 2000 spectateurs de l’Olympia, salle à l’esthétique théâtrale, et à l’acoustique inégalée.
Méprisant les nefs que sont Bercy et le Zénith, les stars inaccessibles s’incarnent en cette chapelle chic. Les dieux des stades, des Rolling Stones à David Bowie, y redeviennent humains.
L’Olympia, c’est d’abord l’invention d’un génial traqueur de talents : Bruno Coquatrix.

Bruno Coquatrix

- «Un tyran avec une bonté, une joie de vivre... Un amoureux inconditionnel de la musique, un joueur » ? décrit Jean-Michel Boris, son neveu, poulain et successeur admiratif (de 1979 à 2001).
Tiré à quatre épingles, cigare aux lèvres, Coquatrix est un stakhanoviste inspiré, un papa poule pour les artistes, un élégant touche-à-tout :
- chef d’orchestre, auteur-compositeur, imprésario, producteur, directeur de salle... il excelle aussi dans la préparation des pâtes.
Qui est invité à sa table passe aux confidences. « Il sentait le moment où l’artiste n’est pas bien dans sa peau », se souvient Maxime Leforestier. «.J’ai eu droit au tirage de bilan avec le dîner de pâtes », rigole Julien Clerc. « Mes cheveux longs, qui n’allait pas. Les chansons non plus …. »

1954 à 2004 : de Gilbert Bécaud à Belles, Belles, Belles
Le 28 boulevard des Capucines, ancienne salle de cinéma, ouvre ses portes en février 1954. Pour essuyer les plâtres: Gilbert Bécaud, celui-là même qui enflammera la salle un an plus tard, et gagnera son surnom de ‘Monsieur Cent Mille Volts’.
Coquatrix réinvente le music-hall.
Des artistes aux styles antinomiques partagent les affiches surréalistes. Léo Ferré précède Joséphine Baker; Sylvie Vartan, les Beatles. Pirouettes musicales pas toujours au goût du public. Se croisent les grands, aux noms majuscules, et les fraîches recrues, qui déjà se font un prénom : les Brel, Piaf, Montand, et les Johnny, Sylvie, Cloclo...
Les garçons cassent les fauteuils, les filles, dit-on, jettent leur petite culotte. Les sauvageons de l’Olympia font la une des journaux.. Coquatrix s’en frotte les mains.
Mais les vaches restent maigrichonnes. Il faut sans cesse courir après l’argent. En 1959, la salle frôle le dépôt de bilan.

Edith Piaf, bienfaitrice

Pour sauver l’Olympia, Edith Piaf, malade, remonte sur scène, sans cachet, pendant douze semaines. Exténuée mais portée par la foule, la môme en noir entame un poignant dernier pas de danse. « Quand elle est morte, dans son sac, on a trouvé une photo de moi, alors qu’on ne s’était pas vus depuis quatre ans et que notre séparation avait été assez orageuse », confie son ancien amant, George Moustaki, que l’on revoit, jeune homme, chantant avec Barbara.
Seule dans sa loge des heures durant avant le spectacle, la belle sorcière brune au regard velouté tricotait, nerveuse, une écharpe immense pour son « Gino », Roland Romanelli.

Le parterre de la chanson planétaire, des grands …
Ils sont tous là, sur ces images d’hier. Georges Brassens, les yeux roulant dans les orbites, le phrasé staccato, chante des polissonneries. Brel, dos raide et tempes trempées, paumes ouvertes, les doigts pianotant dans l’espace, interprète « Amsterdam». Le tour de force est tel que jamais il n’enregistrera d’autre version en studio.
En 1966, un immense sourire aux lèvres, cintré dans son peignoir rayé, il s’incline devant ses fidèles pour un dernier au revoir.

… aux yé-yé

C’est aussi le temps des yé-yé. Les demoiselles feuillettent « Mademoiselle âge tendre » et allongent leur trait d’eye-liner, écoutent Europe N° 1 et fantasment sur l’idole des jeunes.
- « Coquatrix a tout de suite compris que ce qui passait dans “Salut les copains” allait remplir sa. salle. « Que les jeunes avaient de l’argent de poche, et qu‘il fallait leur donner des trucs pour le dépenser», plaisante Maxime Leforestier.
A l’Olympia, la passion va de pair avec le sens des affaires.
La mécanique est bien huilée : Eddy Barclay auditionne, retient les candidats les plus aptes à affoler le tiroir-caisse, leur fait enregistrer un 45 tours:
Lucien Maurice diffuse les chansons sur SLC, et, en bout de chaîne, … Bruno Coquatrix leur ouvre sa scène.
Peut-être pas si loin des méthodes du propriétaire actuel, Universal Music, et de ses vedettes academyciennes.

1979, Coquatrix s’en va …

Quand Coquatrix meurt, en 1979, Jean Michel Boris reprend la direction artistique, entouré de Paulette Coquatrix, sa tante, et de Patricia, sa cousine.

Démolition, vous dites !

Premières frayeurs: la Société Générale, propriétaire des murs, veut démolir.
J Lang agite la menace d’un classement aux Monuments historiques. La banque s’incline. La salle sera reconstruite à l’identique, quelques mètres plus loin, en 1997.

Le torchon brûle …

Fin du calme olympien. Les relations familiales s’enveniment : la mère et la fille se brouillent. En 2001, Bonis, malgré ses quarante-six ans de bons et loyaux services, est remercié.
Fronde des artistes, et coup de théâtre : Paulette Coquatrix vend le temple de la musique à Vivendi Universal, Le loup entre-t-il dans une bergerie déjà sérieusement agitée?
On redoute une mainmise des artistes estampillés Universal Music. Craintes en grande partie infondées.

Nouveau propriétaire, Universal Music insuffle un vent frais …

Mais, après Jenifer en 2003, débarquent cette année la comédie musicale « Belles, Belles, Belles», de Gérard Louvin, et Jonatan Cerrada, produit de «. A la recherche de la nouvelle Star» (M6).

L’Olympia a toujours été une salle populaire, et les jeunes ont toujours autant d’argent de poche.


- Cécile Deffontaines – TéléCinéObs, supplément du Nouvel Observateur n° 2046
»05.02.04 - 15:17 Profil

§Fan_Aurélie # 3 ≡ Re: L'OLYMPIA, le mythe de son histoire



Fan_Aurélie


159 posts depuis
le 27/8/2003
De : La colle sur loup


Cool !!! pour ce super grand résumé!!! merci mille fois car c'est vrai que l'olympia et une super salle!!! :-D


Aurélie je t'adore!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! :oops
»06.02.04 - 11:32 Profil Visiter le site

§adea57 # 4 ≡ Re: L'OLYMPIA, le mythe de son histoire



adea57


226 posts depuis
le 2/9/2003
De : Rodemack


Oui merci beaucoup Micos pour se super long resumé qui explique bien que l'Olympia est une salle mythique!!

Adea57 :-P
»06.02.04 - 18:06 Profil Visiter le site

§micos # 5 ≡ Re: L'OLYMPIA, le mythe de son histoire



micos


251 posts depuis
le 13/11/2003


Beaucoup d'articles, mais demain il sera trop tard.

Alors lisons l'histoire de cette salle, ses hôtes, sa gestion, pendant qu'elle est narrée.


Bruno Coquatrix a appris le métier à Bruxelles (03/02/2004)

Le 5 février 1954,à Paris, il créait l'Olympia

PARIS Ils s'appellent Albin de la Simone, Dorval ou encore Tom Poisson. Le grand public ne les connaît pas mais, à Paris, RTL mise sur leur talent. C'est eux qui animeront, avec, quand même, Garou, Olivia Ruiz et Julie Zenatti, l'enregistrement en public d'un Studio 22 qui célébrera mercredi, avec un jour d'avance, le 50e anniversaire de l'Olympia.


A vrai dire, notre alerte cinquantenaire est même centenaire. Car à Paris, l'Olympia existait déjà en 1893. La nouvelle salle de spectacle était construite sur l'emplacement d'une attraction célèbre, les Montagnes-Russes. Désormais, l'endroit serait offert au music-hall. Mais en 1928, le rideau de l'Olympia se levait pour la dernière fois sur un spectacle de variétés. Désormais, il était plus rentable d'offrir au public des séances de cinéma.


En 1952, Bruno Coquatrix, homme de spectacle, musicien lui-même et compositeur d'un succès immortel, Clopin Clopant, rachète la salle de cinéma. Il a, bien calée dans sa tête, l'ambition de rendre à l'endroit sa vocation première. En 1953, il lui arrive de fermer le cinéma et de tenter l'expérience de l'opérette. L'expérience est encourageante. Mais, à Bruxelles, Bruno Coquatrix a découvert une formule qui lui plaît davantage: celle de l'Ancienne Belgique où, au reste, il va venir travailler et, discrètement, modestement, apprendre les métiers des coulisses.


Il veut organiser, chez lui, des spectacles avec de grandes vedettes en deuxième partie de programme et, en première partie, des talents nouveaux et des artistes visuels. Avec, bien sûr, un grand orchestre engagé par la maison.


La première soirée est organisée pour le 5 février 1954, voici cinquante ans! La vedette est Lucienne Delyle. Aimé Barelli et son orchestre assurent la fin de première partie. Quant au tout premier à fouler les planches nouvelles, il s'agit, par définition, d'un petit débutant inconnu. Il ne le restera pas longtemps: Gilbert Bécaud!


Dès cet instant, Bécaud restera à tout jamais le parrain de l'Olympia.
Lorsqu'en avril 1977, un énorme spectacle réunit 70 stars avant la fermeture, pour six mois et pour cause de travaux, de la salle, Bécaud sera le maître de cérémonie.
Six mois plus tard, il sera le premier à rechanter dans le nouvel Olympia.


L'Olympia fut, assurément, l'endroit où se sont fait les gloires. Il n'empêche que sa gestion ne fut pas toujours simple. En 1962, Coquatrix constatait qu'il était au seuil de la faillite. Edith Piaf, déjà très malade, accepta de lui donner un sérieux coup de pouce en venant chanter dans son Olympia pendant un mois.


Ce fut un des grands moments de l'histoire de l'Olympia.

Il y en eut d'autres.

A partir de janvier 1963, Charles Aznavour fut le premier à faire ce qu'on appelait un récital et pas encore un one-man-show.
Concert mémorable que celui du 16 janvier 1964 avec Sylvie Vartan en lever de rideau, Trini Lopez en vedette et, entre les deux... les Beatles!


En 1964, Brel y créait Amsterdam.
Mais on a surtout retenu ses adieux, en octobre 1966.

En 1981, Montand établissait un record en remplissant l'Olympia pendant trois mois.

Michel Sardou, en 1995, viendra pour cinq mois et Johnny Hallyday pour six mois en 2000.


Eddy Przybylski - © La Dernière Heure 2004



Et cet Olympia, s'il était le brevet d'artiste pour Aurélie !
»09.02.04 - 14:37 Profil

§eva972 # 6 ≡ Re: L'OLYMPIA, le mythe de son histoire



eva972


400 posts depuis
le 25/12/2003
De : martinique


:-o bravo micos pour ce solide résumé, je t'applaudis pour ce temps que tu accordes :-( Eh oui :-o ;-) comme tu le dis, si c'était là, la réelle reconnaissance de notre Lilie, si :-) et si :-o c'est ce que nous lui souhaitons 8-) :-( <img src=" />
»09.02.04 - 15:27 Profil

§micos # 7 ≡ Re: L'OLYMPIA, le mythe de son histoire



micos


251 posts depuis
le 13/11/2003


28, boulevard des Capucines

Il y a cinquante ans, Bruno Coquatrix inaugurait le mythique Olympia et l'ère du music-hall moderne qui a vu défiler les plus grands artistes.

L'Olympia, c'est d'abord l'image d'un petit bout de femme dans sa robe noire, chantant Allez, venez Milord. On aura reconnu Édith Piaf, qui fut une des figures de ce temple du music-hall.

Fauteuils et rideau rouges, plafond bleu nuit et immense balcon plongeant sur la scène : l'Olympia célèbre ses cinquante ans. Les souvenirs défilent : " Cette salle abrita tous les talents de ce siècle, riche en chefs-d'ouvre de musique et de paroles. " Ces mots de Jean-Michel Boris, mémoire vivante et directeur artistique du lieu jusqu'en 2001, inscrits au fronton de la compilation de trois CD édités pour l'occasion, 50 Ans de music-hall, traduisent l'attachement populaire à cette salle de spectacles parisienne, désormais aussi célèbre que les Folies-Bergère, le Moulin-Rouge ou la tour Eiffel.

Bécaud, Brel, Piaf, Barbara, Gréco, Montand, Reggiani, Ferré, Johnny, mais aussi les Beatles, les Stones, Jimi Hendrix ou James Brown, tous ont fait leurs armes ici, donnant ses lettres de noblesse à l'Olympia moderne imaginé par son fondateur Bruno Coquatrix.

L'aventure a commencé le 5 février 1954. Le jeune directeur d'alors décide d'ouvrir l'Olympia à tous les domaines du spectacle vivant : chanson, rock, numéros de jonglage ou d'animaux. C'est l'époque des attractions. Pour le prix d'un billet, le spectateur en prend plein les yeux, découvrant toutes sortes d'artistes. Le tout-Paris se bouscule pour admirer les saltimbanques, qui trouvent dans ce lieu magique l'occasion d'exprimer leur art. Ce sont eux qui ont contribué à faire du 28, boulevard des Capucines la salle mythique d'aujourd'hui.

Et l'on revoit les concerts du jeune Hallyday, ses premiers twists ; Claude François, véritable pile électrique, qui n'hésite pas à se rouler par terre ; ou les traits habités de Jacques Brel, qui y donna son dernier spectacle, avant de partir pour les îles Marquises. Cinquante ans ont passé et l'âme de Bruno Coquatrix, décédé le 1er avril 1979, est toujours là : " L'image de l'Olympia est intimement liée à celle de Bruno, se souvient Jean-Michel Boris, neveu de Bruno Coquatrix. L'homme avait un charisme exceptionnel. Il a été comme un second père pour moi. C'était un battant, un type rempli d'imagination, ayant des audaces folles, un aventurier, un joueur, un jouisseur. "

Coquatrix a quarante-quatre ans quand il prend les rênes de cet ancien cinéma, qui fut un music-hall, créé en 1893. Il va en faire un lieu de spectacles incontournable. Originaire du nord de la France, Bruno Coquatrix est l'enfant unique d'un foyer aisé, ayant grandi à Neuilly, où il poursuit des études brillantes. Il n'a qu'une passion : la musique. C'est ainsi qu'il devient directeur artistique de différents cabarets de Pigalle, accueillant aussi bien l'acteur Paul Meurisse venant pousser la chansonnette qu'Édith Piaf, avec laquelle il entretient une grande amitié. La légende veut que ce soit lui qui conseilla la fameuse petite robe qu'elle portera à chacune de ses représentations. Doué d'un sens inné du spectacle, il développe à l'Olympia une programmation où les têtes d'affiche alternent avec les premières parties.

La salle va écrire une nouvelle page de son histoire avec l'inauguration, en février 1954, par Lucienne Delyle, vedette d'une soirée précédée par un jeune loup de la chanson, Gilbert Bécaud. " Monsieur 100 000 volts " sera l'artiste fétiche des lieux, se produisant un nombre incalculable de fois, permettant au passage de renflouer les caisses du music-hall. " Ça été cinquante ans de lutte pour maintenir le lieu la tête hors de l'eau ", se souvient Jean-Michel Boris. À la mort de Bruno Coquatrix, sa femme Paulette, sa fille Patricia et Boris vont se retrouver seuls face à l'adversité, pour faire tourner l'entreprise familiale. Jusqu'à ce jour du 16 avril 1997 où l'Olympia est contraint de fermer ses portes, appelé à être détruit, la salle se trouvant au cour d'une vaste opération immobilière de rénovation de l'îlot Edouard-VII, appartenant à la Société générale. Dans tout le métier, c'est l'émotion. Les artistes comme le public se mobilisent pour ne pas voir disparaître la célèbre salle parisienne. Sous la pression, un compromis est trouvé et l'on reconstruira un nouvel Olympia à l'identique, en lieu et place de l'ancien, Jean-Michel Boris, garantissant qu'on ne toucherait pas à l'âme de la salle. Pour tous les amoureux de la chanson, c'est un crève-cour.

L'Olympia reste fermé pendant sept mois. Sept mois d'inquiétude. " J'ai été le garant de l'esprit des lieux, dit Jean-Michel Boris. Les artistes m'ont fait confiance. Le résultat a été positif. On a réussi à créer un outil moderne qui convient au métier, rendu compatible avec les techniques des spectacles actuels. " L'opération s'est bien passée, mais, côté Coquatrix, on n'y croit plus vraiment et la famille, emmenée par Patricia, va se retirer, cédant ses parts à la compagnie de disques Universal Music France. Boris est contraint de quitter ses fonctions le 31 mai 2001, après une divergence de points de vue avec Patricia. En quelques mois, on passe d'une gestion familiale à l'ère froidement économique d'Universal, désormais propriétaire du bail et de la marque Olympia.

À nouveau, c'est l'émotion dans le monde du spectacle. On craint une mainmise de la major sur la programmation de la salle : " Il fallait que l'on assure la pérennité de cette salle légendaire, qu'elle profite à l'ensemble des artistes, les stars confirmées comme les révélations de demain ", rassure Pascal Nègre, PDG d'Universal Music France, président de la Société Olympia SA, dans la préface de 50 Ans de music-hall, gros ouvrage collectif qui vient de paraître chez Hors Collection.

Aujourd'hui, le poids des responsabilités revient à Arnaud Delbarre, quarante-cinq ans, nouveau directeur depuis le 1er mars 2002, qui a longtemps dirigé le Zénith de Lille. Pour lui, un présent sans passé n'a pas d'avenir. C'est pourquoi il rêve d'une nouvelle culture Olympia qui passerait par une programmation faite de jeunes talents (Mathieu Chedid, Carla Bruni, Keren Ann) et de stars (Bowie, Sting), qui ne renoncerait pas à la tradition de l'école du " nouveau music-hall " : " Nous devons prendre des risques sans mettre en péril l'économie globale du site ", précise Arnaud Delbarre (lire ci-contre). Une économie qui reste fragile malgré un solde légèrement bénéficiaire depuis deux ans. Il y a la location de la salle aux différents producteurs des artistes présents sur scène.
Et, comme au temps de Bruno Coquatrix, l'apport des recettes périphériques (publicité, droits de captation télé, etc.) reste indispensable aux besoins de fonctionnement. Telles les ventes réalisées au bar à chaque entracte : " La part de la limonade représente plus de la moitié du chiffre d'affaire ", indique Pascal Nègre.

L'Olympia, c'est près de 6 millions d'euros de chiffre d'affaire annuel, 44 salariés chargés de faire tourner 325 spectacles par an et trois cent mille tickets d'entrée vendus chaque année. Autant dire une belle histoire d'amour avec le public qui ne fait que continuer. Rendez-vous dans cinquante ans.

Victor Hache
»11.02.04 - 05:49 Profil
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