Quel a été votre parcours artistique avant le casting de Belles Belles Belles ?Liza : A 8 ans, je me suis découvert une vraie passion pour le chant et la danse. Dès 9 ans, je passais mon premier concours… et j'ai été très déçu, car le jury n'accordait aucune attention aux « petites filles » ! J'ai aussi fait partie de la chorale de mon collège et d'une petite troupe plusieurs années avec laquelle je me produisais sur des petites scènes régionales (800 spectateurs tout de même !). Cela m'a aidée pour mon premier vrai casting, celui de Belles Belles Belles.
Joy : A 8 ans, mes parents m'ont inscrite à l'agence Success. J'ai donc commencé par des photos et cela a duré 4, 5 ans. A 9 ans, je prenais des cours de chant et de théâtre, ce qui m'a permis de décrocher des petits rôles dans des téléfilms et séries, et de faire de petites scènes en duo avec mon professeur de chant. Puis j'ai fait trois ans de cours Florent.
Aurélie : J'ai fait mon premier single à 12 ans, et quelques années plus tard un album qui n'est pas jamais sorti…et j'ai tout arrêté, assez dégouttée de la manière dont cela se passait. J'ai donc repris mes études et décroché un BTS assistante de direction. La Star Academy a tout bouleversé ! Lorsque Gérard Louvin, après m'avoir entendue, m'a conseillée de participer au casting de Belles Belles Belles. Pourtant, cela n'a pas été simple ! Les producteurs ont testé mes motivations, notamment pour savoir si je n'allais pas lâcher le projet en cours de route pour faire l'album en solo que l'on me proposait. Mais j'ai toujours souhaité participer à une comédie musicale !
Y a-t-il des points communs entre l'histoire des trois personnages et la vôtre ?Liza : Beaucoup de points communs…
Joy : …l'épreuve des castings par exemple…
Aurélie : …et le fait d'être accepté par les autres !
Les trois personnages ont une personnalité différente : Charlotte (Liza) est exubérante, Emilie (Joy) est mystérieuse, Sonia (Aurélie) est timide. Vous retrouvez-vous dans votre personnage ?Aurélie : Sonia me ressemble par certains aspects : elle est sérieuse, bosseuse, timide dans ses relations avec les garçons. En revanche, alors que son père refuse qu'elle fasse un métier artistique, mes parents n'ont jamais été contre. Ils ne m'ont pas pour autant poussée. Mais j'ai toujours été soutenue.
Joy : Emilie est introvertie. Elle garde beaucoup de choses pour elle, ne se confie à personne pas même à ses meilleures amies. Ce n'est pas tout à fait mon cas. En revanche, comme elle j'aime le chant (mais c'est valable pour nous trois), la solitude…moi j'aime aussi la fête ! Elle a un côté un peu triste que l'on retrouve paraît-il dans mon regard.
Liza : Charlotte est fofolle, elle aime plaire, elle est très passionnée. Elle est poussée par sa mère, une ancienne Claudette qui « continue » son rêve à travers sa fille. Je ne me retrouve pas dans ce personnage, excepté peut-être pour certaines attitudes typiquement féminines, ma manière de replacer une mèche de cheveux par exemple. En revanche, mes parents ne m'ont jamais poussée. J'ai d'ailleurs souhaité passer mon bac (avec succès) entre le casting de Belles Belles Belles et le début des répétitions.
Une comédie musicale, c'est chanter, danser et jouer la comédie. Qu'est-ce qui est pour vous le plus facile ? Et le plus difficile ? Joy : Même si les trois disciplines demandent beaucoup de travail, la danse reste pour moi le plus difficile…malgré mes trois ans de danse classique. Pour quelqu'un qui découvre les chorégraphies de Redha…ça perturbe !
Liza : Oh oui ! Moi qui danse depuis des années, avec Redha, j'ai l'impression de ne plus rien savoir ! Il impose beaucoup de rigueur, ce qui est difficile par rapport à ce que l'on connaît mais pas insurmontable. Quant au théâtre, je n'en avais jamais fait et les débuts ont été laborieux. Ce n'est pas évident d'être naturelle lorsque l'on joue ! Et puis il y a le regard des autres. Mon « truc » pour jouer « juste » : se lâcher.
Aurélie : Pour le chant, mon expérience à la Star Academy m'a considérablement aidée. Aujourd'hui, je n'ai presque plus de complexes et beaucoup moins peur. Quant à la danse, même si je pratique depuis l'âge de 4 ans, je suis d'accord avec Joy et Liza : le style de Redha est très perturbant au début. Mais le plus difficile pour moi reste la comédie ! Je n'avais jamais travaillé à partir d'un texte. Car même si vous le connaissez sur le bout des doigts, encore faut-il trouver les bonnes intonations et l'interpréter de manière naturelle…pas comme si vous le récitiez.
Est-ce facile d'intégrer une troupe ?Joy : Au casting déjà on échangeait nos numéros de téléphone…
Aurélie : …entre nous, cela a tout de suite collé. On se complète…
Liza : …c'est vrai, on ne s'est pas forcé à s'entendre.
Comment s'est passé le travail de préparation ? Joy : Avant les répétitions, nous avions 7 heures de cours chaque jour réparties dans des ateliers de chant et de danse.
Liza : Nous avons également enregistré le single et l'album, tourné le clip… les dernières semaines ont été particulièrement chargées !
Aurélie : Puis les répétitions ont commencé le 20 Septembre dernier, avec un seul jour de repos par semaine.
Pour des jeunes femmes telles que vous, que représente Claude François ?Aurélie : Une image positive, la fête, le perfectionnisme… A l'époque, Claude François était assez révolutionnaire dans sa manière d'aborder la musique, de l'interpréter et de la mettre en scène, avec danseuses et chorégraphies.
Joy : Il est indémodable !
Liza : Ce qui est magique avec Claude François, c'est que presque toutes ses chansons ont été des tubes, qu'elles soient douces et calmes ou plus rythmées et festives.
Pensez-vous que les émissions-concours soient un bon moyen de découvrir de nouveaux artistes ? Joy : C'est une chance inouïe…
Aurélie : Il ne faut pas oublier que ces émissions restent de véritables tremplins pour certains. Elles permettent à tout ceux qui habitent en province par exemple et ne peuvent courir tous les castings parisiens de tenter leur chance.
Liza : Ce qui énerve certains, c'est avant tout que ce type d'émissions fait vendre énormément de disques.
Les critiques à l'encontre de ce type d'émissions sont-elles justifiées ? Aurélie : Ce qui me fait sourire ce sont ceux qui crachent dessus et en même temps profitent de ce système. Ces émissions sont de véritables accélérateurs. Vous savez, les personnes qui passent ce genre de casting ne se lèvent pas un matin en se disant « pourquoi pas ! ». La plupart avaient fait des choses avant !
Après l'ouverture collective d'une comédie musicale, comment voyez-vous votre carrière individuelle ? Joy : On verra…
Liza : Je préfère me concentré sur le présent.
Aurélie : La seule chose importante aujourd'hui…que Belles Belles Belles soit un succès.
DANIEL MOYNE, COMPLICE DE CLAUDE FRANCOISPendant des années, il a été aux côtés de Claude François. Aujourd'hui, par ce travail d'auteur, il lui rend l'un des plus beaux hommages.Pourquoi avoir choisi trois filles pour un spectacle autour de Claude François ?Daniel Moyne : Nous ne souhaitons pas raconter l'histoire de Claude François. Le personnage étant irremplaçable, il aurait été mal venu de mettre en scène "un blond décoloré". C'est aussi la raison qui nous a poussés à ne pas mettre de garçon en avant. L'histoire, celle de trois filles qui veulent réussir dans la chanson, raconte leur vie professionnelle mais aussi personnelle entre la demi-finale et la finale du concours de l'école dans laquelle elles sont inscrites. C'est la première comédie musicale qui mêle musique et théâtre, avec 50% de dialogues et 50% de chansons (une vingtaine). Quant aux filles, elles ont été choisies autant pour leur talent que pour leurs qualités humaines. D'ailleurs, même avec des personnalités aussi différentes, elles sont devenues copines.
Comment fait-on pour bâtir une histoire autour de 23 standards de Claude François ?D. M. : L'exercice était difficile car il fallait que le texte colle à l'histoire. Après des jours et des nuits de travail, nous avons réussi à sélectionner 23 chansons... dont une surprise ! Toutes sont connues car le spectacle doit être une sortie familiale.
Pourquoi pensez-vous que Claude François soit toujours aussi actuel ?D. M. : Claude était un précurseur. Je me souviens qu'ils visionnaient les show américains pour s'en inspirer. Il a toujours été à la recherche de modernité. Ce fut le premier en France à découvrir les Jacksons' Five, le premier a également à accompagner ses chansons de chorégraphies... S'il était encore en vie aujourd'hui, nul doute qu'il serait lancé dans la comédie musicale !
Quel regard portez-vous sur la réalité d'aujourd'hui ?D. M. : Elle a beaucoup changé. Aujourd'hui, on fabrique des chanteurs en quelques semaines, mais il y en a très peu qui durent.
Quel est le souvenir le plus marquant de vos années passées aux côtés de Claude François ?D. M. : De l'avoir rencontré tout simplement ! Il m'a appris ce que je sais aujourd'hui : à écouter une chanson, à la décortiquer pour reconnaître un tube... C'est un personnage unique, avec ses excès mais aussi ses moments de tendresse. Je me souviens d'un réveillon de Noël somptueux qu'il a organisé pour nous parce qu'à l'époque nous débutions et n'avions pas beaucoup de moyens !
REDHA, LE MAGICIENPour ce spectacle, Redha est à la fois metteur en scène et chorégraphe. Un gage de qualité et d'originalité.Claude François (avec ses claudettes) était très orienté chorégraphie. Vous en êtes-vous inspiré pour le spectacle ?Redha : Non car le spectacle ne portant pas sur la vie de Claude François, je ne vois pas en quoi les chorégraphies auraient pu m'inspirer. En revanche il y aura un clin d'œil à sa manière de danser.
Vous assurez à la fois la mise en scène et la chorégraphie. Comment conciliez-vous les deux aspects ?Redha : Très bien, même si monter une comédie musicale où on allie chant, danse et comédie est un petit travail d'horlogerie et qu'il faut trouver la mécanique de cette articulation. Par expérience, mes ballets ont toujours eu un thème et les danseurs une partition chorégraphique à jouer. Tout cela rejoint la mise en scène. Le tout est d'amener chanteurs et danseurs à jouer les personnages qui vont servir l'histoire. Chaque moment et chaque chanson sont des particules qui ne font que servir l'organisation dramatique.
La comédie musicale étant un spectacle complet (chant, danse...), comment s'organise la préparation des artistes ?Redha : La préparation a commencé quatre mois avant le début du spectacle par des ateliers de chant, danse et comédie. Cela a permis de préparer la troupe à ce genre de travail complet qu'est la comédie musicale.
Comment expliquez-vous le retour en vogue des comédies musicales en France aujourd'hui ?Redha : Je pense que les gens reviennent à des formes de spectacles vivants qui leur permettent de s'évader à travers la musique et la danse, d'autant que la télévision ne leur propose plus d'émissions de variétés. Et puis il ne faut pas oublier que l'opérette, qui est très française, est la « grand-mère » de la comédie musicale. Alors je crois que l'enthousiasme du public français à l'égard de ce genre de spectacle est tout à fait légitime.